Bon. Il paraît que je me suis engagée (« envers qui ? », me demandez-vous ? Et moi de vous répondre : « moi-même ») à rédiger un article par numéro, même pour les numéros dans lesquels l’article ne passera pas l’étape de l’impression, restant une vague errance textuelle purement numérique. Force est de constater que je n’ai pas tenu cet engagement, ou du moins pas dans les temps : voilà une semaine que le numéro 410 est sorti -certes seulement en ligne pour les raisons que chacun connaît et qu’il devient lassant de rappeler-, et voici tout juste le moment durant lequel je décide de me mettre à la rédaction de ce premier épisode d’une série de six, ou bien de deux fois trois, épisodes. Pourquoi plutôt « deux fois trois » que « six », vous demandez-vous peut-être ? (« On », cette masse informe mais en l’occurrence qui s’est déjà incarnée plusieurs fois de façon plus précise, m’a souvent dit que j’avais la fâcheuse tendance à avoir un discours très « question-réponse », faisant de ma logorrhée un faux discours vous prémâchant le travail de réflexion ; peut-être qu’un jour je vous laisserai poser effectivement les questions avant d’y répondre, cela sera sans doute plus dynamique.) Eh bien pour une raison fort simple déjà invoquée plus haut : ce semestre, je me retrouve rédactrice officielle à mi-temps seulement. Une posture fort intéressante pour moi qui étais habituée à être publiée à chaque numéro. Je m’affranchis donc des contraintes de temps et d’espace un numéro sur deux, désormais, et j’aurais même pu choisir de m’en affranchir définitivement mais je me suis dit que tenter un équilibre audacieux entre énorme pavé numérique et format un peu plus réfléchi sur papier pouvait avoir du bon pour quelqu’un comme moi qui aime bien se soucier de la forme… seulement de temps en temps.
Alors, lecteur, lectrice, tu te demandes peut-être ce que tu fais là et où vais-je bien vouloir en venir, parce que même si pour le moment « ci-dessous » est du vide, une page blanche devant moi, à l’heure où tu lis ces lignes il est possible qu’il y en ait encore de nombreuses « ci-dessous », un « ci-dessous » que je me dois de remplir de signifiant, car dans le cas contraire je risquerai de te perdre définitivement, or mon but est de fidéliser le lecteur, la lectrice, toi donc.
Comme j’ai encore anticipé une de tes questions, je me sens obligée d’y répondre de suite mais, promis, il y aura un moment où je te laisserai parler. Si tu le veux bien. Si tu restes muet, muette (oui je tente une nouvelle forme d’écriture inclusive, toi aussi tu as remarqué ?), je me débrouillerai pour reprendre la parole sans toi, en espérant ne pas t’avoir perdu, perdue définitivement. Donc, cette question (si tu ne te souviens pas : sur ce que tu fais là) mérite réponse (attention, roulements de tambour (je ne sais jamais s’il faut écrire roulement de tambours ou roulements de tambour ou roulement de tambour ou roulements de tambours, et je demande à la personne qui corrigera ce texte de bien vouloir m’en informer sans pour autant effacer mon hésitation)).
J’ai décidé, pour ce semestre, de divaguer ! Oui ! Mais pas n’importe comment. Par vagues tantôt structurées, tantôt informes. La structure, la rigueur viendra dans le format papier, avec les six-cents mots consacrés et un propos cohérent et direct. Je ne vous ferai pas perdre votre temps, comme je suis en train de le faire, à chaque fois. En revanche, ici, sur les éditions spéciales, celles qui restent purement numériques, eh bien là ! Que d’amusement possible ! Le champ est vaste et je peux y cultiver de nombreux plants de façon un peu aléatoire, au fil de ma pensée, au fil de l’eau.
Le propos, la thématique centraux ? C’est bien simple : mon quotidien. Mais pas n’importe lequel ! Mon quotidien d’apprentie épistémologue. Oui oui, c’est juste, épistémologue. Car je me lance ces temps-ci, et pour quelques mois, dans l’aventure rocambolesque que représente l’écriture d’un mémoire de recherche en épistémologie. La perspective historique est double : je dois faire de l’histoire des sciences et des techniques, dans ce mémoire ; et je vais pouvoir vous raconter l’histoire de cette histoire ici, librement. Ainsi : dans le format structuré, je vous fournirai quelques connaissances et quelques conseils méthodologiques. Ce sera le versant sérieux, académique si je puis dire. Il y aura une version papier très « propre sur elle », très carrée, et une version longue numérique un peu plus foisonnante. Quant aux articles inédits présents uniquement en ligne, ils seront à l’image de celui que vous êtes sur le point d’achever : un peu dénués d’intérêt, mais tout de même distrayants, et porteurs d’une pensée qui s’écoule tranquillement et dérive au gré du sentier de ma, votre, notre existence.
Voilà pour la présentation du projet semestriel de ma petite rubrique, puisse-t-il vous intéresser un tant soit peu.