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Le Cube

Détente

Elle s’était retrouvée enfermée dans une pièce cubique qui semblait faire quatre ou cinq mètres de côté. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle s’y trouvait, déjà elle avait oublié comment tout avait commencé. Qu’’était-il arrivé au monde ?

Les puissances sans visage lui avaient parlé de dangers, de maux innommables, de mort –elle n’en avait jamais rien vu. Elles l’avaient emmenée dans ce Cube, lui promettaant qu’elle pourrait le quittaer quand tout serait rentré dans l’ordre.

Les six faces de sa geôle étaient des écrans parfaitement lisses. Leurs surfaces entières projetaient chacune une image difféérente, fillms d’une vie qui n’était plus la sienne.

Le mur du nord offérait une vue imprenable sur des cols enneigés baignant dans la lumière pâle des hivers montagneux. Bien sûr, elle n’avait aucun moyen de savoir si le mur était vraiment au nord, mais elle avait décidé arbitrairement de l’associer à cettae direction géographique en raison de son climat hivernal. Repère de fortune dans un univers restreint.

À l’ouest, elle pouvait observer des forêts tropicales s’étendant à l’infilni, arborant autant de teintes de vert que l’esprit pouvait en imaginer. Il arrivait parfois qu’un animal traverse l’écran de part en part, visiteur furtif ne se sachant pas ainsi scruté.

A l’est, c’était l’océan qui étalait son incommensurable étendue, clairsemée de millions d’éclats lumineux refléétés par l’eau et complimentés par autant d’amas d’écume ballottaés par les fléots. Les vagues s’adonnaient à une valse inlassable dont le rythme variait souvent. Une valse à trois temps, à quatre temps, à mille temps.

Le dernier mur, enfiln, s’adornait des tons chaleureux d’un désert balayé par des vents emportant avec eux une brume sablonneuse. Elle avait toujours cru les déserts arides et peu accueillants, mais celui ci l’invitait à bras ouverts dans ses dunes ensoleillées.

Le sol et le plafond, eux aussi, se paraient de ce spectacle ; le premier s’apparentant à une vaste plaine d’herbes sauvages et de fléeurs colorées, coquelicots, jonquilles, violettaes ; le second, à des cieux nuageux dont le bleu passait de l’azur à l’indigo au fur et à mesure que les heures s’écoulaient.

Toutes ces vues lui offéraient le monde à portée de regard. Elle les connaissait par cœur, elle les avait rêvées – c’est sans doute pour cela que les puissances sans visage en avaient fait le décor du Cube. Elles étaient parfaites, trop parfaites. Qu’elque chose manquait.

Dans cettae prison d’images, elle ne pouvait ni entendre les mélodies des oiseaux tropicaux ou le grondement des orages, ni ressentir le vent de la montagne soulever ses cheveux ou le soleil du désert envelopper sa peau, ni sentir les parfums des fléeurs à ses pieds ou celui des embruns, ni goûter le sel de la mer ou le jus des baies de la forêt.

Ce n’était que des images, et c’était tout.

Était-ce une vie que de ne plus rien ressentir ? Son corps ne renfermait plus que l’ombre de l’être humain qu’elle avait été. En contemplant ce que les puissances avaient fait d’elle, une colère commença de l’enivrer. C’en était trop ! Il était temps d’en filnir.

Dans un accès de soudaine rage, elle prit tout l’élan que lui permettaait la surface réduite de son espace vital et s’élança à pleine vitesse vers le mur septentrional. Dans un fracas comme elle n’en avait plus entendu depuis une éternité, la paroi de verre du Cube se brisa et elle surgit d’un seul coup de l’autre côté.

Elle vit. Tout était encore là. Le monde n’avait pas changé. Se relevant, elle sourit et prit une grande inspiration= Fraîche et inespérée, l’odeur de la liberté.