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Ma main contre la vitre comme un appel à la rêverie

Détente

La pluie frappant au carreau de la voiture et ma main contre la vitre. Les gouttes de pluie ruissellent contre le verre dans une recherche perpétuelle de fusion avec leurs voisines. Les lumières orange de la ville se reflètent sur ces lignes d’eau. Peu à peu le grondement de la pluie se transforme en une brise légère qui me murmure à l’oreille. Le torrent d’agitation de la ville s'évanouit sans un bruit, tandis que je ne sens plus que le sable qui s’écoule entre mes doigts. Je ne suis pas seule : une cascade de boucles blondes tombe sur mon épaule. Désordonnées, elles semblent s’infiltrer sur mon cou, sur ma nuque, le long de mes omoplates. Leur odeur se mélange à celle de la mer et m’entoure d’une aura protectrice.

Nous ne sommes pas seules : j’entends un oiseau qui s’envole pour s’évaporer dans le ciel. J’entends les feuilles des arbres qui se frôlent sans jamais oser se toucher. J’entends les remous de l’eau qui chuchotent pour ne pas nous déranger. Il est tard, le ciel se pare de tons orangés. J’ai la sensation que le soleil se couche depuis une éternité. En vérité, le temps nous a délaissées. Il est bien trop occupé à embrasser les rondeurs du soleil pour venir lui aussi se coucher sur les reflets scintillants de la mer. Allongée sur le sable, mon regard se perd et se noie dans les nuages, dans leurs formes cotonneuses qui me donnent envie d’y plonger pour goûter à cette enveloppe de douceur et de chaleur. Pourtant, la chaleur moite d’une soirée d’été m’entoure déjà, me câline et me berce au gré du vent. Loin d’être étouffante, elle me caresse tendrement le visage et se dépose sur chaque parcelle de ma peau capable de l’accueillir.

Un flot de sérénité me submerge. Je sais que je n’ai rien de plus important à faire que de profiter pleinement de ce moment. Je suis d'ailleurs persuadée qu’il n’existe aucun autre endroit au monde où je devrais être en cet instant. Je m’imprègne toute entière de cette évasion paradisiaque, je la sens couler dans mes veines tel un souvenir rassurant vers lequel je pourrai revenir lorsque j’en ressentirai le besoin, lorsque que la réalité du quotidien sera trop dure.

Tandis que le soleil se couche enfin et fait apparaître les premières étoiles dans le ciel duveteux, je prends conscience de la fraîcheur de la vitre. La voiture traverse un tunnel qui a éteint les lumières de la ville. Il faut croire que ce sont elles qui ont gardé le soleil de ma rêverie. Je souris.