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[Texte sans titre]

Détente

Mon amour,

Tu t’es évadée. Tu as fui notre amour, notre vie, nos joies, nos tristesses, nos câlins, nos désaccords, nous. Je n’appartiens plus qu’au passé, je n’ai pas de futur, le présent n’a plus de sens. Pourtant tu n’as même pas osé dire adieu, tu n’as même pas daigné affronter la réalité, tu m’as juste promis de m’aimer à jamais. Tu es partie sans te retourner, sans douter. Mais la vérité n’est pas là, tu as choisi la grande évasion par lâcheté plutôt que le grand affrontement final. Steeve McQueen face au roi du Gondor, ton choix est fait.

Lâche tu l’es, c’est certain, sinon tu aurais au moins posé une dernière fois ton regard sur ce que tu nommes ta prison dorée : moi. Je le suis devenu quand tu l’as décidée, alors ne me blâme pas. Je ne t’accuserais pas d’être partie par la petite porte, ainsi est ton caractère, ta personne. Tu sais esquiver tout ce qui pourrait t’empêcher de vagabonder dans les prés de l’imagination et pendant un moment tu m’as donné l’immense chance de me perdre avec toi dans les champs où l’esprit s’évade, où il s’exprime, où notre relation est née.

Alors oui, tu as été lâche, et cette émotion jamais tu ne me l’enlèveras mais dans le même temps tu es revenue grâce à cela à ce qui fait l’amour : vivre, vivre sans questions, vivre et ne pas te retourner.

C’est en vivant qu’on s’est rencontré, à travers la vie à l’état pur. Souviens-toi ce festival où nos corps se sont transcendés d’abord pour la musique puis l’un pour l’autre. Souviens-toi nos mouvements, nos regards qui se croisent, l’odeur, l’effet des alcools, ton rythme cardiaque qui s’emballe à chacun de nos baisers, ma respiration haletante. Souviens-toi de notre première rencontre et de ce qui en a suivi, ce voyage exceptionnel, décidé sur une envie, une inspiration commune et nous voilà partis pour Cuba.

On s’est envolé avec la volonté de ne jamais revenir et pourtant on n’avait rien pris avec nous, juste de quoi faire les touristes. On a découvert un pays qui nous correspondait, qui laissait libre cours à notre imagination. On s’est évadé du monde pour découvrir notre idéal. Allongés sur une plage de sable, on a laissé la légèreté d’un soir d’été, la folie du rhum aidant, l’odeur du cigare roulé à la main, la magie des étoiles, le bruit de la mer, nous emporter dans nos secrets. On a contemplé la beauté de la nature, on a admiré les Caraïbes, un jour nous imaginant pirate bravant toutes les lois, l’autre Colomb découvrant les Indes. On a construit notre histoire grâce à ce bol d’air, parenthèse qui s’était ouverte sur le set de Charlotte de Witte.

Elle n’aurait jamais dû se fermer mais il fallait rentrer et là on a su qu’on était bien réel, que ce n’était pas un rêve, qu’on s’aimait.

L’amour nous a emporté dans son univers, on s’est échappé de la réalité, on a créé la nôtre. Réalité forgée sur la beauté de ton visage, la douceur de tes courbes, l’éclat de tes cheveux, la puissance de ton intelligence, la finesse de ton humour. J’apportais ma pierre à l’édifice, nous y ajoutions des tempêtes familiales, des banquets amicaux. J’étais heureux, je vivais complétement, entièrement, sans aucune retenue, avec l’insouciance du romantique.

La parenthèse s’est fermée et pourtant nous sommes toujours là, nos esprits et nos corps sont toujours associés, enfermés et libres dans une prison dorée, qui est la plus belle évasion que le monde puisse connaître.

Je t’aime, à bientôt

Ton amour