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AVIS DE RECHERCHE

Jeune fille de 20 ans, du nom de Raphaëlle Bleuler, disparue depuis le 17 mai 2019.

1 m 57,5 ; 53 kg ; yeux marron ébène ; cheveux lisses mi-courts noir de jais.

A contacter si vous avez des informations : r.bleuler@mail.ch

Jour 3

Quand reviendra-t-elle ? Elle ne peut pas être partie...

Pas maintenant... pas comme ça...

Jour 7

Chaque nuit, je crois la retrouver et je la reperds aussitôt au réveil... Encore et encore...

Je m'étais fait à sa présence... A mes côtés à chaque instant... Elle avait un don pour me faire sentir moins seul.

Jour 11

Il faut se rendre à l'évidence : elle ne reviendra pas.

Elle m'avait pourtant averti de son départ. Je ne voulais pas considérer cette option mais à présent c'est une réalité.

Jour 14

Il lui prenait parfois de se rappeler nos balades dans cette petite ruelle inconnue.

Une jolie allée piétonne pavée éclairée par les faibles lueurs des lampadaires, bientôt remplacée par les chauds rayons du crépuscule qui se profilait. Elle, déambulant sans objectif, ses mains dans ses poches trouées, son regard qui se portait au loin vers les vieilles habitations. Ces élégantes demeures dont les majestueuses ombres se projetaient sur le sol miteux des rues et leur conféraient un air intrigant. Au travers des immenses fenêtres, l'obscurité... et une insoutenable sensation d'être observée qui la rendait nerveuse. Aucun son distinct ne s'en dégageait, mais des murmures étranges qui bourdonnaient à ses oreilles. Seul le léger parfum des arbres lui permettait de ne pas se perdre dans les méandres de ses pensées angoissées. Ce doux arôme boisé qui lui donnait envie de suivre un autre chemin qu'elle n'atteignait jamais.

Jour 20

Avant de partir, elle m'a laissé ces mots : “Laisse-toi aller, apaise ton esprit et regarde autour de toi.”

Un conseil troublant car il semblait suivre ce qu'elle avait sans cesse tenté d'appliquer en vain. Elle qui s'efforçait de sortir admirer l'extérieur, mais qui gardait son air inquiet et méfiant à chaque foulée. Elle qui souhaitait avancer, mais dont les pas se perdaient et la vision se brouillait face aux doutes qui l'assaillaient. Nous partagions cette condition qui nous condamnait à être reclus, nous étions seuls. Sa présence me suffisait, mais elle me le reprochait. Elle avait raison d'un certain point de vue.

Après ces jours sans elle, j'ai réalisé que je ne pouvais pas me suffire à moi-même, j'ai pris conscience que je pouvais encore m'émerveiller.

A présent, la ruelle est illuminée du soleil d'une matinée bien entamée, des passants commencent à remplir les allées, certains marchent d'un petit pas pressé et d'autres traînent lentement au coin des rues. A l'horizon, j'aperçois désormais plus distinctement les grandes maisons. Leurs hautes fenêtres ont perdu leur caractère mystérieux et semblent plus joyeuses avec leurs vitraux teintés où se reflètent les rayons matinaux. Un large ciel bleu, une légère brise printanière, les effluves des bois environnants. Pourtant, je remarque à peine cette odeur qui m'avait tant charmée autrefois. Ce sont celles du pain chaud tout juste sorti des fourneaux qui m'enveloppent dorénavant. Ce parfum qui s'élève dans les rues et me guide jusqu'à la devanture d'une mignonne petite boulangerie.

J'hésite à passer le seuil... au fond de moi, j'entends un murmure qui 'encourage à regarder devant moi, et quand je lève les yeux, je croise un regard... un sourire... j'avance et je sors de ma torpeur en entendant mon nom prononcé chaleureusement : “Bonjour Raphaël !”. Les murs de la boutique se sont estompés, je sens l'air frais des arbres, le ciel éclairé dégagé au-dessus de ma tête, je suis enfin parvenue à la source de ces senteurs végétales. Face à moi, une jeune femme qui me semble familière à qui je souris en retour.

Je me rends compte alors que ma déambulation n'a pas été vaine cette fois-ci et je remercie intérieurement celle qui m'a permis d'arriver jusqu'ici.