Rose n’aime pas la logique, les mathématiques et les formes géométriques. Rose, elle, apprécie la douceur et la couleur. Et pour cause, l’amour n’est pas logique et Rose est amoureuse. Petite Rose vit de ses rêves, et avec le travail elle marque une trêve. Elle rit et joue, et de ses grands yeux protège le monde d’une amertume peu à son goût. Rose préférerait ne pas avoir de règles, elle ne coupe pas droit et n’aligne pas ses crayons. Mais le monde regarde Rose d’une manière qu’elle déteste, avec un regard tranchant et glaçant qui la fige instantanément. Alors Rose réfléchit, elle imagine de ses pensées un monde merveilleux ou la logique n’existerait plus qu’un peu. Un monde où on mange des sucreries à midi, ou le t-shirt se met sur la veste et où petite Rose pourrait écrire toute la journée sans avoir pensé à travailler. Elle décide de rencontrer le Cartésien pour lui montrer que la logique ne produira plus jamais rien. Rose en est sûre, l’amour vaincra et aucune règle mathématique ne lui résistera.
Petite Rose part à la recherche du roi de la logique, elle marche longtemps le long des berges du savoir, survole nos idées avec l’oiseau de la pensée. Dans son monde, il y a une colline qui trône haut dans le ciel. La colline de l’expression, où Rimbaud, Baudelaire et Verlaine veillent sur les sentiments des hommes, qui se déploient et explosent quand on les enferme trop. Rose pense que la logique séquestre l’amour, empêche le bonheur et limite l’envie. Elle, justement, elle est pleine de vie, et désire plus que tout que le monde se délivre de ses chaînes bien trop serrées. Mais pour cela elle doit rencontrer le Cartésien, avec ce vent alyséen qui la pousse toujours à vivre de son amour. Le roi de la logique habite dans une grande forteresse, entourée de digues très profondes ou règnent des raisonnements immondes. Mais Rose sait comment y entrer, il ne faut rien toucher et rien écouter, il lui faut simplement continuer de marcher. Des ombres lui attrapent les cheveux, à coups de jugements tristes et fallacieux. Mais elle se fiche de ces voix, elle sait que son imagination pourrait bien la sauver. Alors elle imagine posséder une épée de sucre tendre, qui détruit la méchanceté en la réduisant en cendres. Une douce ombre apparaît, son regard est intense, il est pure, et finalement l’ombre susurre: « Ouvre la porte Rose, dévoile les mystères de ton insouciance et montre au cartésien ce que tu penses». Le coeur de Rose prend alors une belle couleur pourpre, une couleur pleine d’espoir, qui la réchauffe. Elle avance peu à peu, imagine la tirade qu’elle fera au roi des rois, puis compte jusqu’à trois. Un, puis deux et à trois, elle rentrera. Son coeur se serre, la couleur pourpre déferle le long de son âme et le Cartésien, lui, la regarde.
-Cartésien, de mon monde si lointain aujourd’hui je viens, pour vous faire part de mon avis.
- Petite Rose, tes mots sont placés dans un ordre atypique.
- Avez-vous créer l’amour?
- De toutes pièces.
- Pourtant, les gens ne savent que très peu contrôler leur passion.
- Mes lois régissent le monde, et l’amour en fait parti. C’est aussi simple que 2 et 2 font 4.
- Dans mon monde, l’amour n’est qu’une liberté sans règle ni loi. On le ressent, on ne le ressent pas, mais aucun instrument ne le quantifie ni ne sait l’analyser. C’est aussi simple que 2 et 2 font 3, tout le monde le sait.